jeudi, janvier 20, 2011

On ira danser sous la mer

On ne met jamais les voiles. On prend la mer, c’est tout.

A chaque voilier qui se renverse je me souviens du gilet de sauvetage que je n’ai pas emporté, je me souviens des naufrages précédents je me souviens avoir pensé la prochaine fois n’oublie pas le gilet de sauvetage mais on ne pense à sa survie que lorsqu’il est trop tard, alors les gilets de sauvetage sont bien rangés, pliés, là-bas bien trop loin dans le passé, à des milliers de kilomètres de l’instant où l’on se noie.

A chaque regard qui se détourne je perds un peu de force, à chaque regard qui cesse de se mélanger au mien je me vide un peu plus de ce qui tous nous anime, de ce qui dit nous somme vivants, à chaque fois que l’on ne me regarde plus je pense j’ai tout perdu et la force s’enfuit.

Parfois je pense un jour peut-être il y aura, quelqu’un qui ne se lassera pas de mélanger son regard au mien mais ce jour-là il sera trop tard, ce jour-là je n’aurai plus de force et je me serai figée, ensevelie sous les murmures du passé, ces murmures qui me submergent qui ne sont plus à moi et qui font que naufrage après naufrage, je me fige.

Alors parfois je t’en veux de m’avoir laissée là au milieu de l’océan sans gilet de sauvetage, je m’en veux de ne pas savoir nager, même après tant de noyades même après tant de submersions, je m’en veux d’être toujours ici, de penser on met les voiles alors qu’on prend la mer, c’est tout.

Dans mes tempes résonne inlassablement ma plus grande peur cette peur immense cette peur qui toujours m’a tuée, dans mes tempes résonne l’abandon et je ne bouge plus. Naufrage après naufrage je me vide un peu plus de ce qui fut moi-même je ne respire pas, je m'efface. On m'a laissée là, au beau milieu de cet océan que je ne sais toujours pas vaincre, et je suis immobile.

Je me suis figée.

mardi, janvier 18, 2011

"Alors tu parles, tu dis quelque chose, mais c'est misérable."

Maintenant je me dis il n'y a rien de plus terrible que d'avoir servi à ça, que d'avoir été cela. Rien de plus, terrible.

samedi, janvier 15, 2011

les deux genoux à terre

J'écrivais nous misons cher sur l'automne oh je n'avais pas vraiment tort seulement maintenant c'est l'hiver et l'on m'a pris tous mes jetons.

mercredi, janvier 05, 2011

(tout ça me tourmente)

Tout ce qui fait que des années plus tard toujours je m'écroulerai, ce sont les résonances des milliers de promesses qu’ils n’auront pas tenues. De ces mots que toujours on m'a dits sans y penser, de ces promesses excessives et déraisonnées qui déjà de vous sont oubliées mais que je garde, moi, que je garde intactes et préservées comme si elles étaient toujours là, toujours les mêmes, toujours valables vous comprenez.
Les pianistes continuellement me sauvent de la noyade et de
tous ces déchirements
Je regarde les salles immenses où il fait si noir que ton regard même absent m’éblouit,
les promesses sont comme les menaces, des mots qui sont la vie mais qu’il ne faut pas garder si près des yeux.
Il en est de même pour
les déchirements,
les déchirements incessants le soir tombent du ciel mais
il pleut, les pianistes sont ici et la nuit sous mes paupières ta main dans la mienne.

samedi, janvier 01, 2011

Soies

J'avais déchiré le tissu l’avais déchiré par endroits déchiré à cause de tout ce tangible qui soudain m’avait encombrée, le carrelage était cent fois plus froid et cent fois moins entaillé que mon cœur ; sous ma robe se débattaient ma peau l’amertume et l’angoisse, rien ne se déchire plus vite que le temps qui passe et qui nous fige malgré tout.