On raconte des vies, II.
Il marche. La nuit refuse de tomber, la nuit s’est retardée, retardée comme sa montre celle qu’il a arrêté de remonter. Il n’a pas le temps de compter. La nuit crie capricieuse il marche les yeux mi-clos pour imaginer qu’elle est, là. La nuit.
Il marche les poings serrés les lèvres crispées sur le temps qui passe, il regarde les femmes sans les voir. Le vent fait trembler ses cils et glace ses joues déjà figées. Le vent souffle et c’est, la mer, dit-il. S’il parle s’il murmure c’est pour se souvenir qu’il est encore vivant.
S’il plante ses ongles dans la paume abîmée de sa main, s’il attend la douleur c’est pour, vérifier, vérifier et continuer, on pense. Il marche lentement, il a peur de, non, il n’a peur de rien, il mesure les minutes et vérifie sa vie. Classique. Les femmes le regardent sans le voir.
Il murmure ses absentes à chaque pas. Il chuchote le nom de celles dont il a brûlé les yeux au hasard d’un, pont, au hasard d’un port. Il marche et la nuit se vengerait-elle, la nuit ne tombe pas la nuit ne cache rien. Ses gestes froids, ses mots désarticulés rayonnent, résonnent, en attendant que la nuit dissimule.
Une fois de plus. Le vieux marin ne sait plus regarder le temps qui passe, il marche et il murmure, le vieux marin ne cesse, de fermer les yeux sur l’absence.
Il marche les poings serrés les lèvres crispées sur le temps qui passe, il regarde les femmes sans les voir. Le vent fait trembler ses cils et glace ses joues déjà figées. Le vent souffle et c’est, la mer, dit-il. S’il parle s’il murmure c’est pour se souvenir qu’il est encore vivant.
S’il plante ses ongles dans la paume abîmée de sa main, s’il attend la douleur c’est pour, vérifier, vérifier et continuer, on pense. Il marche lentement, il a peur de, non, il n’a peur de rien, il mesure les minutes et vérifie sa vie. Classique. Les femmes le regardent sans le voir.
Il murmure ses absentes à chaque pas. Il chuchote le nom de celles dont il a brûlé les yeux au hasard d’un, pont, au hasard d’un port. Il marche et la nuit se vengerait-elle, la nuit ne tombe pas la nuit ne cache rien. Ses gestes froids, ses mots désarticulés rayonnent, résonnent, en attendant que la nuit dissimule.
Une fois de plus. Le vieux marin ne sait plus regarder le temps qui passe, il marche et il murmure, le vieux marin ne cesse, de fermer les yeux sur l’absence.
6 Comments:
Mince, j'voulais t'en parler hier soir, c'était ça le truc en pointillés dans ma tête.
J'aime beaucoup, beaucoup ces deux derniers textes.
Quand j'aurais le temps, je crois que je t'en montrerai quelque chose. Ca me donne vraiment envie.
Quel beau texte...
Ca "il mesure les minutes et vérifie sa vie" et puis la ponctuation et les redondances, ça fait vraiment un super beau texte.
Ca "il mesure les minutes et vérifie sa vie" et puis la ponctuation et les redondances, ça fait vraiment un super beau texte. passionnée (!)
Ju > Voilà qui a été fait^^
Marine > Merci beaucoup, beaucoup, alors. Puis tu me montreras, hein !
Mamzelle Rouge > Oh, merci ! ça fait sourire de te voir par ici.
passionnée > non mais après j'vais finir par rougir et tout, ça va pas ça ^^
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