La cruauté ne m'éloigne même plus.
Passer sous la corde c’est presque facile quand on les regarde danser de loin, quand on les regarde on se dit moi aussi demain je passe sous la corde, sans les mains sans les yeux sans le cœur la corde est attachée aux arbres elle n’est même pas trop basse la gamine avec ses boucles elle passe dessous sans les mains sans les yeux mais toute façon elle a pas de cœur, c’est une gamine quoi, tu sais bien.
Passer la nuit c’est presque identique presque facile tu sais mais c’est la nuit qui ne passe pas elle attend elle attend qu’on, sans les yeux, mais le cœur prend toute la place alors faudrait verrouiller les mains bref la nuit ça marche pas comme on voudrait comme pour la corde comme pour les arbres.
La nuit les yeux grands ouverts je doucement je sais je sais bien qu’il aimerait m’envoyer loin loin loin vous savez, il voudrait que je m’habille de silence que j’arrête tout que je le déplace à l’autre bout de mon coeur vous savez je le comprends, moi aussi je voudrais bien je voudrais bien passer la nuit sans les mains sans les yeux sans ce cœur à la con qu’ils feraient mieux de m’arracher je voudrais bien mais c’est pas vraiment très possible vraiment très là tout de suite.
Passer la nuit c’est comme oublier ses lèvres c’est du fictif faut pas y croire c’est pour de faux de l’impossible, oublier moi je peux pas mais vous savez parfois j’essaie, vous me croyez pas je vois bien, vous ne savez pas, vous, ses lèvres. Parfois j’essaie mais le problème il y en a un, bien sûr qu’est-ce que vous croyez passer la nuit c’est bien facile sans les problèmes, le problème c’est je le voudrais pour de vrai, je voudrais l’emmener loin loin loin vous savez moi j’appartiens, j’appartiens toujours un peu trop, j’appartiens dans le vide mais c’est un vice.
Vous savez le fil qui nous reliait lui et moi c’est bien le dernier que j’avais envie de casser, vous savez le fil moi je crois, on peut toujours y faire des nœuds, on peut toujours le réparer, ouais mais lui il dit qu’un fil c’est pas une corde, lui il finira par se ramener avec ses ciseaux argentés et vous savez, même mon prénom il l’oubliera. Mais mon prénom ça je veux pas, l’anonymat j’en tremble la nuit le jour l’anonymat il va m’y jeter vous croyez ?
Passer la nuit j’essaie même plus, vous savez comme moi qu’on n’y peut rien, que c’est comme ça, que t’avais qu’à faire gaffe à ton cœur tu t’attendais à quoi connasse, vous le savez et moi aussi, mais je peux plus, là, absolument plus.