jeudi, avril 28, 2011

Quoi qu'il en soit,

je ne suis pas certaine de vouloir assister à la projection grand format de ma médiocrité sur les murs en carton de mon appartement. Alors je ferme les yeux et j'attends patiemment que mon corps cesse de lui-même de se tordre de douleur. Vous verrez il fait plutôt froid mais le panorama est magnifique fin de citation.

lundi, avril 18, 2011

"La beauté, celle du monde, des êtres et des choses, éveillait toujours en elle une sorte de désarroi où un sens mortel et indigné de l'éphémère, le besoin de faire durer, de perpétuer, se transformaient en une volonté de possession passionnée, à la fois intraitable et désespérée. Elle n'avait jamais pu regarder Armand sans se sentir indignée à l'idée que dans un instant il allait se détourner d'elle, qu'il allait partir, la quitter, que le bonheur violent, absolu, qu'elle éprouvait lorsqu'elle le sentait en elle ne pouvait pas durer, qu'il était essentiellement éphémère et périssable, et que ces instants fugitifs étaient cependant tout ce qu'elle pouvait jamais connaître de l'éternité."

Romain Gary, Lady L.

mardi, avril 12, 2011

Nights

Les couleurs étaient saturées et le plafonnier criard et abimé clignotait de plus belle au-dessus de nos corps. Il y avait dans le fond un vieux disque probablement rayé qui crachait en boucle six notes d'un air probablement espagnol pendant que j'articulais please marry me please please please marry me. Les couleurs étaient saturées nos regards déstabilisés par le contraste permanent se figèrent bientôt l'un dans l'autre, puis mes doigts crispés sur ta peau obsédante acte un. Il n'y avait pas de fenêtre il y avait nos corps contre le mur blanc plus aveuglant que blanc d'ailleurs, nos corps surexposés et mes lèvres qui murmuraient please stay with me please forever forever forever. Les couleurs étaient saturées mais tes yeux toujours noirs, les couleurs étaient si belles et je me suis réveillée, mordant jusqu'au sang cette immense amertume et chuchotant please come with me oh please just for a while just for a little little while.

jeudi, avril 07, 2011

Climats

Je me souviens d'un mec accroché à son cerf-volant, il avait des yeux presque aussi noirs que les tiens et se prenait les pieds dans le sable il y avait des centaines de voix qui crissaient dans nos têtes qui crissaient le sable ça trébuche, je me souviens d'un type agrippé à mes cheveux peut-être avait-il peur de s'envoler peut-être avait-il abîmé des cerfs-volants par milliers avant de s'effondrer dans le sable froid et gluant peut-être était-il déjà mort.

Je me souviens de nos ombres qui se balançaient des coups de pieds entre deux altercations purement climatiques, et puisque mon ombre à moi ne trébuchait toujours pas j'avais enfermé des morceaux de gris dans mes doigts bleuis par le froid. Je me souviens d'un mec dont la peau n'était pas aussi douce que la tienne, d'un mec qui n'avait de crédible que l'angoisse et chaque goutte d'eau salée qui sortait de ses yeux n'était là que pour nous rappeler qu'il était bien vivant.

Je me souviens d'un mec grisé puis dégrisé par le vent du nord je ne me souviens que de ces fantômes, de tous ceux que je construis puis déconstruis pour mesurer le degré de perfection de ton corps.