mardi, juillet 10, 2012
Dans mes cheveux trempés de sable et dans l'automne au pied du port il y a plus que tout l'horizon plus que tout l'infini la mer et la mer et chaque brouillard chaque tempête n'altère pas la violence parfaite de ceux qui l'ont vue, l'explosion magistrale de l'ailleurs devant nous, dans mes cheveux trempés de sable glacé il y a la mer juste là, il y a oui ceux qui sont partis ceux qui la touchent et qui murmurent l'absolu, seulement mes cheveux n'avalent pas le vent d'ouest et je ne murmure que l'idée je murmure le départ et je ne bouge pas, mes cheveux ne sont ni le sable ni l'ailleurs et je ne suis qu'ici.
mardi, janvier 31, 2012
Dance me
Je ne vous écris pas car je n’ai pas sur la langue la dureté des angles et des couteaux je n’ai pas les mots durs les mots agonisants je suis en vie tant que ta peau reste là si douce contre la mienne je n’ai pas au fond de la gorge l’âpreté du désespoir ni le sang de toutes mes batailles je suis en vie tant que tes bras bercent mes nuits puis neutralisent mes démons je ne vous écris pas car il n’y a pas de douleur assez vive à découper à la main devant vos yeux avides de torture je suis en vie tant que tes mains, je voudrais des heures durant vous parler du manque parfois mais je ne sais dire que la mort et tant que ton souffle m’étreint je ne meurs pas. Le reste on en reparlera.
jeudi, décembre 15, 2011
Lignes
Parfois lorsque mon corps se déchire de toutes parts je pense je m'approche dangereusement de mes limites je pense elles sont là je les sens je sens leur souffle sur mon cou et mon corps se déchire de plus belle, parfois lorsque je vomis la nuit jusqu'au plus profond de mon âme je pense les frontières sont à quelques centimètres de moi l'explosion est imminente et je ne la vois pas. Je ne vois pas mes limites à l’œil nu et je me demande inlassablement si elles existent, je me demande inlassablement si je vais mourir déchirée torturée en lambeaux sans les avoir jamais vues, je me demande combien de temps nous pouvons tenir, elles et moi, en faisant mine de ne pas nous connaître.
lundi, novembre 28, 2011
mardi, novembre 22, 2011
comment dit-on
Je suis allongée sur le toit brûlant de tous vos horizons foudroyés et je regarde le ciel qui ne s'effondre pas sur le bitume. Je piétine autour de mon souffle suspendu et je pense lorsqu'il y aura en vous assez de couleurs pour écraser la noirceur de mon inconsistance j'inhalerai vos espoirs mal taillés et les broderai pour toujours dans le creux de mes reins, qui êtes-vous pour ouvrir vos yeux brillants sur la mise en apnée de mes rêves et pour prétendre les avaler l'un après l'autre je ne suis pas encore morte et je brûle sur le toit de vos incohérences lorsque.
lundi, octobre 17, 2011
Tu verras bien qu'il n'y aura pas que moi, assis par terre comme ça.
Nous sommes toujours ces petits êtres fébriles qui marchent recroquevillés sur leurs frissons en attendant la délivrance, nous sommes toujours alternativement splendides et misérables nous sommes plus que jamais prisonniers de nos grandes obsessions, condamnés à chercher du regard ce qui ne s'offre pas et à mordre dans l'altitude.
Nous sommes vous savez nous sommes voués à perdre la raison comme d'autres perdent la foi, nous sommes à jamais corrompus par l'espoir et dévorés par le regret mais nous sommes alternativement tristes gisants et plus vivants que vous tous réunis.
Nous sommes le cœur des passions flinguées en pleine lumière et puis nous sommes leurs débris, nous sommes alternativement remarquables et déséquilibrés mais nous sommes dès aujourd'hui les instants saisis par l'automne et parfois à main nue étranglés.
Nous sommes vous savez nous sommes voués à perdre la raison comme d'autres perdent la foi, nous sommes à jamais corrompus par l'espoir et dévorés par le regret mais nous sommes alternativement tristes gisants et plus vivants que vous tous réunis.
Nous sommes le cœur des passions flinguées en pleine lumière et puis nous sommes leurs débris, nous sommes alternativement remarquables et déséquilibrés mais nous sommes dès aujourd'hui les instants saisis par l'automne et parfois à main nue étranglés.
jeudi, octobre 06, 2011
mardi, septembre 27, 2011
J’ai beaucoup entendu parler des nœuds de l’inexactitude et j’ai souvent suivi les sons de quoi vous démêlez-vous au juste voulais-je leur crier après avoir beaucoup trop entendu craquer les contorsions de l’inapproprié, ce jour-là disiez-vous je me promenais le long d’une rive enflammée puis disiez-vous soudain j’écrasais dans mes doigts blancs les cendres de l’absence, me disiez-vous enveloppé de nonchalance et d’attendu seulement j’ai beaucoup entendu parler de tous ces nœuds mais jamais de leurs cendres j’ai beaucoup marché sur les braises et voyez-vous je m’en consume encore avais-je répondu, c’était vrai et je suis chaque fois plus fatiguée d’attendre l’automne entourée de ce rien.
jeudi, septembre 01, 2011
Et depuis que je ne sais plus respirer j'entends constamment le battement de mon cœur je le sens là dans mes tempes et il n'y a rien à faire pour l'éteindre, rien ne meurt lorsqu'on le décide.
lundi, août 22, 2011
Et puis il n'y a rien, à l'intérieur de moi c'est un monde dévasté un monde entier qui comme après l'explosion n'est que vide, ce vide immense, d'ici je ne vois pas le ciel à moins de me pencher à la fenêtre et de lever les yeux très haut.
Parfois je pense personne ne peut survivre, je regarde à quel point indéfiniment on se heurte et se blesse à quel point la vie n'est qu'une suite de violentes collisions ; soudain on n'a plus d'âme, soudain on se jette au visage les débris de nos cœurs déchirés et c'est de cette façon que les uns après les autres tous nous sommes blessés ; je pense on ne survit pas aux heurts accumulés, ce monde dévasté à l'intérieur de moi ce n'est plus un monde ce n'est plus le vide c'est l'ombre du vide, une ombre fragile et ténue, on se frappe on se tue et continue de marcher mais nous sommes tous des fantômes, j'ai pensé d'ici je ne vois pas le ciel et si ni le ciel ni la mer ne sont plus là pour m'étreindre, qui sera encore assez vivant pour venir me sauver.
Il fait nuit depuis si longtemps.
Parfois je pense personne ne peut survivre, je regarde à quel point indéfiniment on se heurte et se blesse à quel point la vie n'est qu'une suite de violentes collisions ; soudain on n'a plus d'âme, soudain on se jette au visage les débris de nos cœurs déchirés et c'est de cette façon que les uns après les autres tous nous sommes blessés ; je pense on ne survit pas aux heurts accumulés, ce monde dévasté à l'intérieur de moi ce n'est plus un monde ce n'est plus le vide c'est l'ombre du vide, une ombre fragile et ténue, on se frappe on se tue et continue de marcher mais nous sommes tous des fantômes, j'ai pensé d'ici je ne vois pas le ciel et si ni le ciel ni la mer ne sont plus là pour m'étreindre, qui sera encore assez vivant pour venir me sauver.
Il fait nuit depuis si longtemps.
lundi, août 15, 2011
Août.
Je suis je crois la plus encline à me laisser dévorer par tous les démons du monde je suis c'est évident entièrement possédée par les dévorations annexes puis existentielles, dans les plus profondes de mes plaies je laisse c'est systématique une place immense aux dents qui me dévorent et tout ceci perpétuellement à vif tout ceci comme une vie qui se gangrène n'en finira jamais de me détruire.
mercredi, juillet 27, 2011
But you.
Je vous ai aimés comme des personnages de roman, je vous ai tous aimés parce que vous étiez fous, parce que vous étiez perdus parce que nous étions poétiques, j'ai aimé en vous le romanesque et comment auriez-vous pu rester là blottis au creux de mes mains quand je n'étais moi-même qu'un éternel récit en déconstruction, quelque chose de ces phrases éclatées qui ne représentent rien, je vous ai aimés à la folie mais vous n'étiez pas fous vous n'étiez pas perdus, et les rimes embrassées de nos vies confondues allaient mourir. Parfois je pense plus jamais je ne veux vous écrire, ni vous ni votre peau, plus jamais vous ne serez des héros, je vous ai tous aimés parce que vous étiez fous et tout se passe comme si vous aviez tout fait, l'un après l'autre, pour me rendre la raison. Mais je suis restée la même et je vous aimerai comme des personnages de roman, je vous aimerai parce que vous serez fous et parce que nous serons poétiques, à l'infini et quoi que vous fassiez pour tuer le romanesque.
vendredi, juillet 15, 2011
mercredi, juillet 06, 2011
+
Très fort j'ai pensé qu'on aurait pu toi et moi marcher sous la pluie si les choses n'avaient pas été ce qu'elles sont j'ai pensé à ça à la seconde où il s'est mis à pleuvoir mais dans la rue les gens criaient dans le genre il pleut il faut rentrer, et quand dans le métro le type assis sur le strapontin d'en face s'est mis à pleurer j'ai eu envie de mourir. J'ai regardé ses lèvres tremblantes et ses larmes à-demi retenues j'ai eu envie de vomir tout le désespoir du monde et de m'arrêter de vivre. Alors je suis descendue et j'ai marché sous la pluie en pensant comment se fait-il que nous, en y pensant si fort et en prenant soin surtout de ne pas y penser.
dimanche, juin 26, 2011
Longtemps j'ai pensé qu'un marin naviguerait jusqu'à mes pieds enlisés longtemps j'ai cru qu'un homme au regard maritime s'emparerait de moi pour l'éternité et m'arracherait à tout ce qui m'encombre tout ce qui est là qui m'envahit. Je me demande encore si j'y ai vraiment cru, si vraiment un jour j'ai pensé nous irons voir la mer, un homme libre et moi. Les marins ont un bateau, les marins ne sont pas plus libres que les autres mais dites-moi au fond qui sont tous ces gens, qui sont tous ces prisonniers qui ne m'emmèneront jamais nulle part. Je ne veux plus croire et je suis là, allongée immobile et priant pour que plus rien n'essaie de me berner, de me faire croire que je survivrai, plus rien ni personne, plus jamais.
mercredi, juin 15, 2011
mais je vis faute de mieux
mais on est toujours là comme des cons, toujours bien statiques à attendre que quelqu'un vienne nous sauver la vie je me demande en quoi tu crois disent les murmures intérieurs on est ici immobiles et sans fléchir on pense quelqu'un viendra me sauver la vie mais personne ne sera assez naïf pour essayer de guérir un naufrage as-tu déjà vu des naufragés enfoncer dignement leurs ongles dans le sable parce que quelqu'un avait pris la peine de les serrer dans ses bras, sans rire, as-tu déjà vu quoi que ce soit d'aussi absurde on est là comme des cons, on est là bien statiques dans le genre je refuse de croire que je ne suis rien d'autre que minable mais on ne bouge pas on est toujours là bien statiques à réaliser qu'ils ont tout oublié, qu'on n'a jamais oh non jamais existé et quelqu'un va venir nous sauver la vie dit une voix anonyme mais non personne ne viendra nous allons mourir tu sais dit la voix lointaine et si sûre, nous allons mourir et je ne veux rien d'autre, on est toujours là parce qu'on ne peut pas bouger je ne veux pas bouger nous sommes statiques nous sommes seuls et abandonnés comme dans tous les cauchemars du monde et je ne veux pas croire que je n'ai pas vraiment existé pourtant dit la voix intérieure personne ne se souvient, on est là bien statiques et je ne vois que tes mains que tes lèvres autant fermer les yeux sur ce qui n'a soi-disant pas existé, on n'a jamais été aussi statiques aussi ridicules on ne peut plus rien déclarer si ce n'est s'il te plaît viens me sauver la vie personne ne viendra tu sais personne n'est plus statique que ton espoir englouti dit la voix presque morte.
lundi, juin 06, 2011
401
Les hommes qui ont enlevé leur veste à l'arrêt de bus et qui la gardent là, pliée sur leurs genoux comme un trésor, les deux mains posées à plat le long du col, ces hommes-là ont le côté maladroit de ceux à qui l'on a dit lorsqu'ils étaient enfants garde ton manteau tu vas prendre froid et qui timidement s'émancipent en secret de ce qui les a construits. Les hommes restent assis avec ce regard qu'ils imaginent déterminé et qui s'avère tellement enfantin, les mains posées sur le col de leur veste certainement trop grande pour eux, les ongles courts, courts et droits comme tout ce qu'ils ne sont pas, ces hommes-là attendent et n'attendent pas vraiment le bus. Je me suis assise à côté de l'homme et de sa veste bien pliée sur ses genoux, son regard disait j'ai l'intelligence sociale d'un enfant de quatre ans mais je sais attendre le bus, les hommes ici, là-bas, les hommes assis au centre de leur vie sont si touchants, parfois.
lundi, mai 23, 2011
Boucles.
Et soudain vient le jour où renaît en moi cette peur si cruelle, celle qui vient s'ajouter aux tourments convulsifs, férocement, inexorablement, celle qui progresse et se dresse contre moi comme pour devancer un instant toutes les autres, comme pour détrôner l'abandon, le temps qui passe et l'indifférence, il y a en moi cette peur terrible qui devient la plus forte, la peur d'être indéfiniment poursuivie par l'insolente exactitude de chacun de mes souvenirs.
jeudi, mai 12, 2011
A mes genoux
Lorsque j'ai ouvert les yeux, j'ai très nettement senti cette immense tristesse s'emparer de moi, mettre ses deux bras autour de mon corps et tenter de m'étouffer. J'ai pensé tu ne m'auras pas salope et j'ai refermé les yeux de toutes mes forces en essayant vaguement de me souvenir de mes rêves, ceux où tu es couché contre moi, ceux où je serre tes deux mains comme des trésors et ceux où je ne déçois pas. Il faut absolument que je vous parle de ma propension à décevoir.